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Imagine : des funérailles écoresponsables grâce à l’humusation

Dernière mise à jour : 19 nov.

Auriez-vous pensé que nos funérailles pouvaient avoir un impact environnemental ? C’est pourtant le cas, et c'est en tombant par hasard sur une association engagée pour des pratiques funéraires plus respectueuses de la nature que j’ai découvert l’existence de solutions alternatives, comme l’humusation.


J’ai voulu en savoir plus et j’ai donc interviewé Florence Valdès, Présidente de l’association Humusation France.



Cimetière


Humusation France

Cette association propose de repenser nos choix funéraires de manière plus respectueuse de la nature. Elle sensibilise aux impacts environnementaux des funérailles traditionnelles que sont l'inhumation et la crémation, et propose une alternative écologiquement prometteuse : l’humusation, ou la transformation des corps en humus. Bien que cette solution ne soit pas encore autorisée en France, elle offre des perspectives intéressantes pour réduire l'empreinte écologique des pratiques funéraires. On vous explique.


Quel est l’impact environnemental des pratiques funéraires actuelles ?


Nos pratiques funéraires traditionnelles ont un impact environnemental non négligeable. En France, il n’existe que deux types de funérailles légales : l’inhumation (ou enterrement) et la crémation.


Les problématiques environnementales liées à l’inhumation traditionnelle


L'inhumation, outre la consommation massive de bois qu’elle nécessite pour la fabrication des cercueils (15 000 tonnes chaque année en France), utilise souvent des produits chimiques tels que le formol pour conserver le corps et retarder sa décomposition. On appelle ce procédé la thanatopraxie et elle est pratiquée pour environ un tiers des décès chaque année, soit environ 200 000 défunts. 


Avec l’enterrement, le processus de décomposition du corps et du cercueil (en bois vernis souvent) libère :

  • des métaux lourds (notamment du mercure qui provient des plombages dentaires) ;

  • des résidus de médicaments ;

  • des pesticides ;

  • des produits chimiques ;

  • des perturbateurs endocriniens…


Ils contaminent les sols et descendent jusqu’aux nappes phréatiques



Crématorium

Les problématiques environnementales liées à la crémation


La crémation, quant à elle, nécessite des températures élevées, entre 800 et 1 000 °C, ce qui consomme beaucoup d'énergie (du gaz naturel) et émet du dioxyde de carbone (CO₂).  Elle consomme entre 20 et 40 kg de gaz naturel par corps, selon les installations et les conditions de crémation. En plus de cette consommation, elle génère une quantité significative de CO₂, estimée à approximativement 160 kg de CO₂ par crémation


Au-delà des rejets de CO2, la crémation rejette aussi des substances toxiques dans l’air. En effet, les amalgames dentaires contiennent du mercure, qui se volatilise lors de la crémation et est rejeté dans l'atmosphère. Bien que depuis un arrêté du 28 janvier 2010, les crématoriums doivent être équipés de systèmes de filtration pour réduire les émissions de polluants, comme les métaux lourds, les dioxines, et les poussières fines, qui sont dégagés lors de la crémation, il arrive que les filtres ne soient pas particulièrement performants, et le mercure se relâche ainsi dans la nature. C’est particulièrement préoccupant, car il peut se déposer dans les sols et les cours d'eau, affectant ainsi les écosystèmes aquatiques et la chaîne alimentaire.


Face à ces constats, une alternative de funérailles écologiques a été imaginée : l’humusation.


L’humusation : un processus de retour à la terre inspiré de la forêt


L’humusation repose sur le principe de la décomposition naturelle : le corps serait placé sur un lit de broyat végétal, couvert de broyat (pour éviter toute contamination) et décomposé en l’espace d’environ un an en humus, grâce à la flore intestinale du défunt et au microbiote présent dans le broyat végétal. Sans ajout de produits toxiques et sans l'utilisation d'énergie fossile, cette pratique permettrait un retour à la terre totalement naturel. 


Comment ça marche ? 1. Après la cérémonique laïque ou religieuse, accueil du défunt sur la parcelle d'humusation. 2/ Mise en humusation. 3/ Transformation naturelle de la matière organique. 4/ Véritable retour à la terre. 5/ Protection et sécurité des corps.


“C'est vraiment laisser le processus naturel se faire en lui donnant un petit coup de pouce et en l'encadrant bien évidemment de façon très stricte et très sérieuse, comme tout mode de sépulture doit être géré.” Florence Valdès -Présidente de l’association Humusation France


l'humusation selon HUMUSATION FRANCE


Florence Valdès précise que ce processus pourrait se dérouler dans des espaces dédiés au sein des cimetières, permettant une gestion contrôlée et respectueuse des corps.


“On ne sait pas encore ce que les pouvoirs publics décideront. Nous, on émet l'hypothèse que le processus en lui-même qui dure environ un an se déroule sur des parcelles spécifiques qui seraient dédiées à l'humusation dans les cimetières et qu'ensuite, une fois le corps complètement transformé, que l’on transfère cet humus vers une forêt du souvenir. Cet humus permettrait de régénérer les sols et de planter un arbre à la mémoire du défunt. En fait, la forêt remplacerait le cimetière. D'un univers minéral, on passerait à un univers végétal, et puis une forêt, c'est quand même toujours beaucoup, beaucoup plus agréable, je dirais, pour venir se recueillir qu'un cimetière.”

Des défis réglementaires et des actions politiques pour autoriser l’humusation en France


Pour documenter les avantages de l’humusation, Humusation France collabore avec un comité scientifique, incluant un médecin légiste et un microbiologiste. Des études contrôlées sont néanmoins nécessaires pour démontrer la sécurité et l’efficacité du processus, un préalable indispensable pour obtenir l’aval des autorités sanitaires. Pour réaliser ces études, il est nécessaire d’autoriser l’expérimentation de l’humusation dans certaines localités. 


rites funéraires écologiques au sein d'une forêt du souvenir

Une proposition de loi a été portée par la députée Elodie Jacquier-Laforge en janvier 2023 en ce sens. L’objectif de cette proposition de loi était de “lancer une expérimentation afin de définir le cadre juridique en termes de formation aux techniques de compostage, d’en définir les lieux de recueil du corps vis‑à‑vis des habitations ou des nappes phréatiques, comme cela est déjà légalement encadré pour la crémation et l’inhumation”. Après le dépôt, la proposition a été renvoyée à la commission des lois...Et c’est tout.

Pour l’instant, la loi n’a pas progressé davantage, et le cadre législatif continue de limiter les options funéraires à l’inhumation et la crémation, sans inclure de solution d’humusation. Le défi est donc encore entier.


Comment soutenir l’expérimentation de nouvelles pratiques funéraires écologiques ?


Pour encourager cette alternative écologique aux funérailles traditionnelles, Humusation France appelle les citoyennes et citoyens à soutenir la cause à travers 3 actions concrètes que vous pouvez tous et toutes mettre en œuvre

  • Signer cette pétition qui a déjà recueilli plus de 27 000 signatures, 

  • Prendre contact avec vos élus locaux et nationaux pour les sensibiliser à l'humusation et demander son autorisation : vous pouvez leur envoyer ce flyer tout prêt pour le distribuer à votre maire, écrire un courrier à votre député·e selon ce modèle ou à votre sénateur·ice selon celui-ci.

  • Rédiger et faire savoir vos dernières volontés (document ici). 


Pour en savoir plus, des ressources informatives sont disponibles sur le site de l’association : https://humusationfrance.org.


Alors, vous imaginez de nouvelles pratiques funéraires plus écologiques ?

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